Le mois de « sensibilisation » à l’autisme a commencé. Certains bâtiments vont être éclairés en bleu dans le monde entier, de nombreuses associations organisent des événements pour collecter de l’argent pour soutenir la recherche, pour aider à la mise en place de thérapies pour les personnes autistes, pour guider les parents et les adultes vers le diagnostic. Toutefois, nous ne devons pas oublier que ce mois de l’autisme est une opportunité pour faire connaître l’autisme au grand public. Je pense que nous ne devons pas seulement « sensibiliser » le grand public à l’autisme, nous devons faire en sorte que le grand public « comprenne » réellement ce qu’est l’autisme, comprenne les difficultés rencontrées par les personnes autistes. Cela me semble une étape essentielle à la construction d’une société inclusive. Un exemple que j’aime bien est que je suis sensibilisé au fait que le mandarin est une langue mais je ne le parle pas. Par conséquent je ne peux pas inclure une personne qui ne parle que cette langue.

Aujourd’hui plus d’1 personne sur 100 est affectée par autisme. Tout le monde connaît une personne autiste. Nous ne pouvons plus exclure ces personnes de la société. L’inclusion n’est plus une option, c’est une obligation.

L’inclusion ce n’est pas juste à l’école, c’est aussi au travail, chez le médecin, dans les lieux et services publics, et plus globalement dans la société tout entière. Combien de personnes pensent qu’une personne autiste fait un caprice lorsqu’elle fait une crise dans un supermarché ? Combien de personnes regardent alors les parents, en pensant qu’ils ne savent pas éduquer leur enfant ? Combien de personnes autistes sont jugées comme étant bizarres, étranges, impolies ?

Depuis plusieurs années maintenant, de nombreuses actions ont été prises pour la scolarisation des personnes autistes. Que ce soit l’accès aux classes ordinaires ou la création de classes adaptées au sein des écoles. En 2016, madame Sophie Robert a tourné deux magnifiques documentaires montrant des exemples d’inclusion à l’école, au collège et au lycée. Nous avons également vu la création d’un portail d’information sur l’autisme, afin de sensibiliser le grand public et les professionnels. Plus récemment, nous avons eu le plaisir de lire le rapport de monsieur Josef Schovanec sur l’emploi. Ces actions vont dans la bonne direction mais le chemin reste encore long. Nous ne devons pas oublier que des centaines, probablement des milliers de personnes autistes sont exclues de l’école, sans travail, et sont la plupart du temps isolés. Ceci doit être considéré comme un échec de la société.

  • Quelles sont les actions visant à faire connaître l’autisme à tous les élèves ? Ces élèves qui deviendront les employés, les commerçants, les directeurs, les entrepreneurs de demain.

  • Quelles formations à l’autisme dans les services publics comme la police ou les ambulanciers ? Ces personnes actuellement ne savent pas comment réagir face à une personne autiste. Par exemple, les comportements étranges des personnes autistes peuvent être considérés comme suspects par les policiers.

  • Quelles actions pour rendre les lieux publics « autism friendly » ? Tout cela reste à faire malgré le chemin déjà parcouru.

La prise en compte de l’autisme, ce ne doit être ni l’exclusion, ni la compassion. Tout le monde à un rôle à jouer car tout le monde croise chaque jour au moins une personne autiste. L’inclusion, c’est plus que de permettre aux personne autistes d’avoir accès à l’école Il est temps d’abandonner les préjugées sur l’autisme et de permettre aux personnes autistes de développer leur potentiel.

En ce mois d’avril, je vous propose une liste de 10 choses simples et concrètes pour favoriser l’inclusion des personnes autistes. Le spectre de l’autisme est large et chaque personne est différente, la liste n’est par conséquent pas représentative de toutes les personnes autistes. J’ai essayé de synthétiser au mieux.

1. Soyez clair, facile à comprendre et patient

Beaucoup de personnes autistes trouvent la communication difficile. Cela peut prendre différentes formes. Certaines personnes sont non verbales tandis que d’autres peuvent avoir du mal à organiser leurs idées et avoir besoin de temps pour cela. Il peut être difficile pour ces personnes de savoir et comprendre ce qu’elles ressentent. Beaucoup de personnes autistes ont une compréhension littérale du langage, ce qui signifie que l’humour, le sarcasme ou autres figures de styles peuvent être déroutantes.

Si vous rencontrez une personne autiste qui a des difficultés avec le langage, vous devriez utiliser des phrases claires qui disent exactement ce que vous voulez dire. Laissez suffisamment de temps à la personne pour vous répondre, ne posez pas de nombreuses questions à la suite.

N’oubliez pas, ce n’est pas parce qu’une personne ne parle pas que celle-ci n’a rien à dire.

2. Allez à la rencontre des personnes autistes

Nous avons souvent l’impression que les personnes autistes vivent leur vie et ne souhaitent pas socialiser. Bien que cela soit le cas pour certaines personnes, d’autres aimeraient bien mais ne savent pas comment s’y prendre. Une personne autiste peut ne pas savoir comment commencer une conversation ou devenir très anxieuse. Ne forcez jamais une personne à socialiser mais invitez là même si à chaque fois la personne décline votre invitation, la personne sait qu’elle est la bienvenue à participer si elle le souhaite. Les personnes autistes trouvent souvent qu’il est plus facile de socialiser d’une façon structurée, au travers de leurs intérêts.

N’oubliez pas, une personne autiste peut ne pas vouloir socialiser à un moment donné car elle n’est pas prête ou n’a pas envie. Cela ne signifie pas qu’elle ne voudra jamais socialiser.

3. Soyez sensible

Les personnes autistes traitent l’environnement différemment. Certaines personnes autistes sont hyposensibles et ont besoin d’importants stimuli. D’autres sont très sensibles et l’environnement peut les submerger.

Pensez au bruit de la craie sur le tableau mais que seulement vous pouvez entendre. Ce n’est pas un bruit que vous n’aimez pas, c’est un bruit que vous ne supportez pas.

Les difficultés sensorielles varient grandement entre les personnes autistes mais soyez conscient du problème d’accessibilité posé par l’environnement.

4. Soyez réassurants

Les personnes autistes ont des difficultés avec le changement et les situations nouvelles. Les personnes autistes ont des difficultés à prédire ce qui va arriver dans telle ou telle situation. Vous pouvez rendre leur vie plus facile en les prévenant à l’avance des changements.

5. Adaptez-vous

On attend toujours des personnes autistes de s’adapter au monde autour d’eux ce qui est drôle parce que l’autisme lui-même rend les changements et les adaptations difficiles.

Essayez de faire votre moitié de chemin pour vous adapter à la personne autiste

6. Ne jugez pas si rapidement

Avez-vous déjà vu une mère dans un supermarché avec un enfant qui criait et pleurait ? Avez-vous déjà vu une personne « étrange » ou « bizarre » dans votre classe ? Les personnes autistes sont souvent victimes de tels jugements car l’autisme peut être invisible. Réfléchissez à deux fois avant de juger quelqu’un.

7. Les personnes autistes sont avant tout des personnes

Deux personnes autistes seront très différentes l’une de l’autre, tout comme deux personnes non autistes seront très différentes. L’autisme est juste une partie de ce qui défini une personne.

Ne vous adressez pas aux personnes autistes au travers d’un tiers, par exemple « est-ce qu’il … ? » Cela est vraiment frustrant de ne pas être considéré comme une véritable personne.

8. Surveillez votre langage

On utilise constamment des mots comme « retardé » ou « l’autiste » ou autre mot de vocabulaire. Ces mots sont très offensifs pour les personnes handicapées, y compris les personnes autistes. Cela implique que le handicap est quelque chose de négatif.

Tournez plusieurs fois votre langue dans votre bouche avant de parler.

9. Soyez un allié

Maintenant que vous connaissez quelques étapes pour inclure les personnes autistes, vous pouvez soutenir les personnes autistes et défendre leurs droits dans vos conversations avec d’autres personnes, que ce soit à l’école, au travail ou dans la société.

Les personnes autistes représentent 1 % de la population et nous avons besoin d’alliés pour défendre notre cause.

10. N’hésitez pas à demander

Beaucoup de problèmes que les personnes autistes rencontrent dans la société vient du fait que les gens n’osent pas demander. Ils n’osent pas demander ce qu’ils doivent faire, comment agir dans telle situation. N’oubliez pas que demander c’est aussi apprendre.

Il est temps d’arrêter de se focaliser sur ce que les personnes autistes ont du mal à faire ou ne peuvent pas faire. Il est temps de se demander « dans quel domaine cette personne est-elle bonne ? », « qu’est-ce que cette personne réussi le mieux ? », « comment cette personne peut-elle développer son plein potentiel ? ».

Ce n’est pas de la charité de permettre aux personnes autistes de trouver un travail, une maison, de vivre de façon indépendante ou encore d’aller dans leur école de quartier. C’est un problème de respect des droits de l’homme.

Bastien