Il m’a récemment été demandé ce que je pensais de la scolarisation des élèves autistes en France dans les 10 ou 20 prochaines années.

Voici la courte réponse que je lui ai envoyée :

À l'époque où je suis entré au collège, vraiment peu de personnes autistes allaient à l'école. D'ailleurs si je suis allé à l'école c'est uniquement parce que j'ai eu énormément de chance et que l'école fut trouvée par le psychiatre qui m'avait diagnostiqué à l'âge de 8 ans.

Depuis, les choses se sont améliorées. De plus en plus d'enfants autistes sont scolarisé, même si les enseignants ont encore du mal à comprendre ce qu'est l'autisme et à mettre en place les aménagements. Dans certaines écoles, lorsque les parents arrivent pour inscrire leur enfant autiste, ils peuvent entendre : « nous avons déjà accueilli une personne autiste par le passé, nous avions mis ça, ça et ça en place, etc », ce qui était inconcevable, il y a encore 6 ou 7 ans.

Malheureusement, dans d'autres écoles, la situation n'est pas aussi bonne et certaines refusent encore de scolariser les personnes autistes.

La situation est donc très hétérogène et j'espère que dans les prochaines années, toutes les écoles sauront accueillir les personnes autistes. Cette hétérogénéité est particulièrement embêtante dans la mesure où pour les écoles publiques, les parents ne peuvent pas choisir l'école dans laquelle scolariser leur enfant. L'école dépend de l'endroit où ils habitent.

Également, je pense que le principal frein est que les enseignants font des aménagements mais sans savoir ce qu'est l'autisme et sans être formés. Or l'offre de formation sur l'autisme à destination des enseignants est à l'heure actuelle, quasiment inexistante. Il existe néanmoins quelques initiatives qui je l'espère se développeront.

Enfin, un autre frein, est un problème de culture. Beaucoup d'énergie est dépensée pour faire changer les lois, faire interdire telle ou telle pratique discriminatoire ou injuste envers les personnes autistes. Cela est très bien mais ces changements de législations ne sont pas accompagnés par un changement de culture. Nous pouvons avoir toutes les lois du monde, si la société n'est pas prête à inclure les personnes autistes, l'inclusion ne se fera que dans de mauvaises conditions.

Dans certaines écoles, les aménagements sont mis en place uniquement pour respecter la loi. Mais les enseignants ne montrent aucune flexibilité et aucune empathie. Par exemple, si l'élève a un accompagnement de 2 heures par semaine avec une AVS (ou AESH), et bien l'élève n'est scolarisé que 2 heures par semaine.

Il est donc difficile de prédire ce que sera la situation en France dans plusieurs années. Je pense que nous sommes actuellement sur la voie du changement mais cela se fait très lentement. Il faut du temps et j'espère beaucoup que la nouvelle génération d'enseignants, ayant potentiellement été à l'école avec des personnes autistes, a vu des personnes autistes à la télévision, etc, soit plus ouverte.